Histoire
C’est ce que nous faisons qui nous rend heureux et non ce que nous possédons
C’est en Normandie, dans le Nord-Ouest de la France, pas bien loin de la mer, que j’ai grandi avec un petit frère, dans une famille joyeuse et un peu bohème. Mes parents étaient pompes funèbres et constamment débordés par le travail et ils avaient d’autres priorités que l’organisation de la maison. Les choses n’avaient jamais réellement de place définitive et semblaient passer d’une pièce à l’autre ou flotter dans l’univers. Nous ne trouvions que rarement un maillot de bain à notre taille, les chaussettes n’allaient jamais par paires et nos devoirs n’étaient pas souvent faits. Malgré tout, nous ne manquions de rien et nous étions vraiment heureux.
Heureux, oui c’est vrai ! Et toujours en retard aussi, bien entendu, sans les affaires dont nous avions besoin. La plupart des rendez-vous étaient oubliés et rien n’était jamais programmé à l’avance.
Ma mère, passionnée de décoration d’intérieur, trouvait pourtant le temps de changer les rideaux, les abats-jours, les housses de chaises et les coussins en fonction de la saison. Elle cousait tout, elle-même, et y passait tous ses week-end pour faire de notre maison un endroit confortable et peu conventionnel souvent envié par nos amis. Pourtant, toujours insatisfaite de son intérieur, elle achetait sans cesse de nouveaux accessoires, de la nouvelle vaisselle et toute sorte de bibelots. Elle s’évertuait à déplacer les meubles et les objets, sans comprendre que l’accumulation de tant de choses l’empêchait d’atteindre le résultat qu’elle recherchait désespérément. Cependant toujours positive et douce, ma mère, au fil des ans, m’a appris à sortir des sentiers battus, à accomplir mes rêves les uns après les autres et m’a transmis sa vision utopique de la vie, sa créativité et son imagination.
Mon père, issu d’une famille d’artisans, s’est évertué à nous apprendre et à nous démontrer que tout est toujours possible, même avec peu de moyens. C’est ainsi qu’il m’a enseigné le ski nautique qu’il n’avait jamais pratiqué, derrière un petit bateau de pêche, sans skis (la porte de la cabine faisant amplement l’affaire) et sans palonnier puisque nous avions une vieille corde d’amarrage qui irait tout aussi bien. Adolescents, mon frère et moi, avons beaucoup lutté contre ces idées que nous trouvions ridicules et humiliantes. Nous n’avions que des choses bricolées ou désuètes, pourtant, nos amis enviaient notre style de vie « à la cool ». Ce n’est que bien plus tard que cet enseignement m’a ouvert l’esprit et obligé à réfléchir comment fabriquer soi-même ce que l’on ne peut pas acheter. Il y a effectivement souvent des choses qui ne s’achètent pas, il faut alors les inventer et les concevoir. J’en suis reconnaissante et cela me dépanne chaque jour. Mon frère quand à lui est devenu un homme ingénieux et un bricoleur hors-pair qui travaille parfois à mes côtés.
J’ai eu, l’immense bonheur de grandir auprès de mes grands-mères, qui elles aussi, ont été une grande source d’inspiration. Ayant vécu la deuxième guerre mondiale en Normandie, elles savaient faire beaucoup avec très peu. Elles racontaient des histoires passionnantes et bien loin du petit monde douillet dans lequel nous vivions.
Jeanette, ma grand-mère paternelle reste pour moi l’exemple absolu d’une femme indépendante et accomplie. Elle a su me faire aimer toutes sortes de choses qui me fascinent et que je n’ai pas apprises à l’école. Jeanette m’a appris tout ce dont on a besoin dans la vie de tous les jours comme organiser une maison, tenir un agenda, économiser, réfléchir avant d’acheter, mais aussi, coudre, tapisser, peindre, tondre la pelouse, jardiner, cuisiner, écouter et aider son entourage. Elle disait qu’une femme doit savoir tout faire aussi bien que les hommes et que les toutes les tâches, ménagères ou pas devraient être partagées avec eux.
Jeanette nous emmenait, mon frère et moi chaque année en vacances au bord de la mer. Elle m’a transmis sa passion pour les coquillages. Nous les ramassions le temps que notre maillot de bain sèche et nos récoltes étaient magiques. Aujourd’hui encore, je reste incapable de poser le pied sur une plage sans scruter le sable et partir à la chasse au trésor local.
A la fin de l’été, Jeanette qui avait un beau et grand jardin, taillait la lavande et la faisait sécher pendant quelques jours. Nous fabriquions ensuite, à la machine à coudre, de jolis petits sacs en tissu que nous remplissions de lavande sèche. Nous glissions ensuite ces petits sacs au parfum frais et fleuri dans les armoires de linge de maison.
Enfin, c’est aussi avec elle que j’ai appris à faire les paquets cadeaux. Elle disait que le présent devenait plus important si le paquet était fait avec soin. Plus tard, je me suis surprise a défaire certains paquets de magasins pour leur donner un plus joli papier et ainsi assortir tous les paquets cadeaux sous le sapin. Idiot, probablement mais quelle satisfaction le jour de noël !!! (et puis, entre nous, je préfère faire des paquets cadeaux pour les gens que j’aime plutôt que de scroller la vie de gens que je ne connais pas sur Facebook ou Instagram.)
Chaque jour, je suis reconnaissante du temps et de la passion que ma famille a su me donner pour me transmettre ces « petits atouts » qui changent ma vie au quotidien et m’aident tant dans ma profession.
Même si l’école n’a pas été pour moi, la source d’un grand épanouissement, je m’y suis faite des amies de toujours. Je n’ai jamais éprouvé beaucoup d’attrait pour les études sauf pour le français, l’histoire et le sport. Le sport fait partie intégrante de ma vie. Il me permet d’échapper aux tracas du quotidien, de me vider la tête et surtout de faire de belles rencontres.
Le ski nautique à été ma grande passion. Depuis les premiers instants de glisse sur la porte en contreplaqué du bateau de mon père, jusqu’aux plans d’eau où je l’ai enseigné à des centaines de gens, en passant par les compétitions que j’ai eu la chance de disputer, cette discipline aujourd’hui désuète m’à conduite dans de nombreux endroits à travers le monde. Il m’a permis de rencontrer des personnes fascinantes et m’à finalement poussée ici, en Suisse, où j’ai rencontré mon mari « sur un plan d’eau de ski nautique ». Nous sommes mariés depuis maintenant 27 ans et avons une fille et un garçon.
Bizarrement, je me dis que les idées farfelues de mon père m’ont conduite vers mon avenir et que les passions de ma mère et de ma grand-mère m’ont guidé vers ma profession d’organisatrice professionnelle.
Nous vivons depuis 18 ans, dans un joli village en Suisse, sur les hauteurs du lac Léman. Nous y avons fait construire une maison que nous avons imaginé, dessiné, organisé et aménagé dans les moindres détails, pour pouvoir accueillir famille, amis et voisins n’importe quand. Pour rester toujours accueillante et agréable, cette maison devait être simple, pratique, confortable et facile à entretenir. Ainsi faite, à l’image des Beach Housses d’une petite île en forme de baleine au large de New-York, notre maison toute de bois vêtue, s’appelle Nantucket et nous avons l’impression d’être en vacances toute l’année.
J’aime les choses simples, assorties, classées, rangées et belles. J’adore les boites, les paniers, les classeurs, les agendas, les listes et les tableaux d’affichage. Le blanc et le bleu sont mes couleurs de prédilection. Le blanc m’aide à me ressourcer, à y voir clair mais aussi à mettre les objets en valeur. Le bleu m’apporte la force et la sérénité de l’océan que j’aime tant.
Sans pour autant être naturellement ordonnée, j’ai tout de même toujours eu besoin d’ordre. Tout devient confus pour moi lorsque le bazar apparaît dans la maison. L’inspiration et la bonne humeur s’en vont furtivement pour ne revenir qu’au fur et à mesure que les choses autour de moi retrouvent leur place. J’aime trouver les choses en moins d’une minute et je connais la place exacte de tout ce qui se trouve chez nous, ce qui m’a amenée à developper des techniques de rangement particulièrement efficaces et rapides. Pour me libérer l’esprit, j’ai toujours eu besoin de faire des listes mais c’est avec la naissance des enfants que j’ai réellement compris le pouvoir de l’organisation car un enfant entraîne dans son sillage toutes sortes de choses (souvent affreuses, bruyantes et en plastique) qui viennent envahir l’espace et des solutions sont rapidement nécessaires pour ne pas avoir l’impression de vivre dans une garderie. Une bonne gestion du temps est d’ailleurs tout aussi indispensable pour garder l’esprit léger et l’aménagement d’un planning se révèle rapidement judicieux pour éviter les oublis, la confusion et l’épuisement. Quand les enfants grandissent cela s’avère encore bien plus utile et une bonne organisation permet à chacun d’avoir ses activités mais aussi de contribuer à l’entretien de la maison et au bien-être de la famille.
Contrairement aux idées reçues, les maisons des home organizers ne sont pas toujours parfaitement rangées. Oh non, pas du tout !
Ce n’est pas nécessaire, car une maison est faite pour vivre et ce qui compte vraiment, c’est que chaque chose est une place attitrée et que cela ne demande que très peu de temps lorsque l’on décide de la ranger.
J’espère que vous vous êtes amusés à lire mon histoire et je vous souhaite de tomber amoureux de votre maison, comme je suis amoureuse de la mienne, de la chérir et d’avoir beaucoup de plaisir à l’aménager, à y vivre et à y créer des souvenirs.
Elle vous le rendra c’est certain…